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Hommage aux professeurs Samuel PATY et Dominique BERNARD

Par VINCENT BODIC, publié le mardi 15 octobre 2024 08:37 - Mis à jour le mardi 15 octobre 2024 10:37
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Lundi 14 octobre 2024 a eu lieu un temps de recueillement pour les élèves du collège Pierre Joannon. Retour sur le déroulé de cette journée

Dans tous les collèges et lycées de France un temps de recueillement a eu lieu en hommage aux enseignants assassinés du fait de leur métier, Samuel PATY et Dominique BERNARD. Le sens de ce recueillement était de montrer "la considération, le respect et la gratitude de toute la Nation" à l'adresse de ces professeurs.

Après la récréation matinale les collégiens et les collégiennes ont été accueillis par les enseignants. Une minute de silence a été respectée. Elle a été suivie par la lecture d'un texte différent selon les niveaux : un court texte d'Andrée CHEDID, Jeunesse qui t'élances pour les 6emes et 5emes, un texte plus adapté aux 4emes et 3emes par Jean JAURES, Lettre aux instituteurs et institutrices. La chanson de BARBARA, Perlimpin, a été ensuite diffusée.

 

Jeunesse qui t’élances
Dans le fatras des mondes
Ne te défais pas à chaque ombre
Ne te courbe pas sous chaque fardeau
Que tes larmes irriguent
Plutôt qu’elles ne te rongent
Garde-toi des mots qui se dégradent
Garde-toi du feu qui pâlit
Ne laisse pas découdre tes songes
Ni réduire ton regard Jeunesse entends-moi
Tu ne rêves pas en vain.
 

Andrée CHEDID, « Tant de corps et tant d’âme »,
Poèmes pour un texte 1970-1991, éditions Flammarion, 1991

 

Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous
sont confiés n’auront pas seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et
une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire: son corps et son âme. Ils seront
citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la
nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme, il faut qu’ils sachent quelle est la racine de toutes nos
misères: l’égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur: la fierté unie à la tendresse.


Il faut qu’ils puissent se représenter à grands traits l’espèce humaine domptant peu à peu les brutalités de la nature et les
brutalités de l’instinct, et qu’ils démêlent les éléments principaux de cette œuvre extraordinaire qui s’appelle la civilisation. Il faut leur
montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l’âme en éveillant en eux le sentiment de l’infini qui
est notre joie, et aussi notre force, car c’est par lui que nous triompherons du mal, de l’obscurité et de la mort.
 

Eh quoi! Tout cela à des enfants! — Oui, tout cela, si vous ne voulez pas fabriquer simplement des machines à épeler. Je sais
quelles sont les difficultés de la tâche. Vous gardez vos écoliers peu d’années et ils ne sont point toujours assidus, surtout à la
campagne. Ils oublient l’été le peu qu’ils ont appris l’hiver. Ils font souvent, au sortir de l’école, des rechutes profondes d’ignorance et
de paresse d’esprit, et je plaindrais ceux d’entre vous qui ont pour l’éducation des enfants du peuple une grande ambition, si cette
grande ambition ne supposait un grand courage. […]
 

Sachant bien lire, l’écolier, qui est très curieux, aurait bien vite, avec sept ou huit livres choisis, une idée, très générale, il
est vrai, mais très haute de l’histoire de l’espèce humaine, de la structure du monde, de l’histoire propre de la terre dans le monde,
du rôle propre de la France dans l’humanité. Le maître doit intervenir pour aider ce premier travail de l’esprit ; il n’est pas nécessaire
qu’il dise beaucoup, qu’il fasse de longues leçons ; il suffit que tous les détails qu’il leur donnera concourent nettement à un tableau
d’ensemble. De ce que l’on sait de l’homme primitif à l’homme d’aujourd’hui, quelle prodigieuse transformation! et comme il est aisé
à l’instituteur, en quelques traits, de faire sentir à l’enfant l’effort inouï de la pensée humaine! […]
 

Je dis donc aux maîtres, pour me résumer: lorsque d’une part vous aurez appris aux enfants à lire à fond, et lorsque
d’autre part, en quelques causeries familières et graves, vous leur aurez parlé des grandes choses qui intéressent la pensée et la
conscience humaine, vous aurez fait sans peine en quelques années œuvre complète d’éducateurs. Dans chaque intelligence il y
aura un sommet, et, ce jour-là, bien des choses changeront.»
 

Jean JAURES, Extrait de la Lettre aux instituteurs, 15 janvier 1888.

 

Lien vers la chanson de Barbara, "Perlimpinpin" : https://youtu.be/AceMh0_sysE?si=cGZSzyV6GE98NNEL

 

Vous trouverez en pièce-jointe les documents diffusés auprès des élèves du collège. 

M. BODIC

Référent Laïcité du Collège Pierre Joannon

 

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